L’Echo Chamber de Noa Baak

Cher Daniel alias Noa Baak,

Quelle surprise de voir arriver une boîte de New York avec ton nom dessus. Le livre à l’intérieur est un trésor et un cadeau des plus précieux.

Il dévoile la vie et les aventures d’un poète qui ose explorer Paris en dépit de tous ses clichés. Tu es un artiste camarade d’armes, un poète guerrier à la recherche du geste magnifique qui pourrait se cacher dans un caniveau d’une ruelle cachée ou devant les lieux touristiques les plus emblématiques. À travers toi, nous voyons le monde avec un regard neuf.

Je n’oublierai jamais notre première rencontre devant le Centre Pompidou alors que nous nous jetions simplement dans les rues, n’ayant aucune idée à l’époque de comment monter une compagnie. Nous, trois étrangers asiatiques et un étudiant français de 19 ans, étions animés par la passion de continuer à travailler ensemble. Encore à l’école, nous étions aussi passionnés que naïfs. Et si ce n’était pas pour cette nécessité primordiale de créer de l’art et de vivre en créant, en prouvant notre liberté, nous ne nous serions pas rencontrés.

Tes photos sont bien plus que de simples souvenirs. Elles révèlent une force vitale qui transcende la survie et nous éveille à une conscience plus aigüe de notre environnement. Tu as réussi à capturer l’atmosphère ineffable à travers les vibrations du noir et blanc. L’extraordinaire naît de l’ordinaire.

Je suis désolé d’apprendre que Noa Baak n’est plus. D’une part, je comprends très bien. Ton travail, étant une véritable poésie, repose en dehors des considérations économiques et en marge de la valeur matérielle. Mais rappelle-toi s’il te plaît, c’est précisément pour cette raison qu’il est si riche. L’œuvre se soucie peu de sa relation avec les courants de l’art contemporain, ni du point de vue d’une critique d’art. C’est une expérience très intime et sincère que de te voir à travers elle, et au-delà de toi. Ta quête de l’au-delà est toujours aussi présente. Je te remercie pour cela. Parce que c’est une œuvre vraiment honnête et donc assez rare.

J’écris ce blog dans l’espoir de maintenir vivante la part poétique en moi. Ton travail me donne le courage de continuer. Et lorsque je ressens cette sensation désagréable que personne ne se soucie, je me rappelle que le monde n’a pas besoin de mon art, mais c’est moi qui en ai besoin.

Je tiens à te remercier de ne pas avoir vendu ton art et d’avoir maintenu l’amour qui rend ce livre si poétiquement singulier. Je peux imaginer le sacrifice qu’il a fallu pour créer une telle œuvre et combien tu as dû te vendre de différentes manières. Le fait que tu puisses préserver ta dignité et ta compassion face à la ruine financière est un test éthique très difficile. Et la preuve que tu as réussi à aller si loin est déjà inspirante.

Tu es une personne aux multiples talents, capable de danser entre les lignes de l’ordre et du chaos, entre payer les factures et tout dépenser. Et même si Noa Baak n’est peut-être plus, il y a toujours le merveilleux Mice Grey, guidé par un bon ami, Daniel Seo.

Tu es un véritable ami,

Won

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